Le dimanche 9 février 2025, était le dimanche de la Santé. Dans notre paroisse St Hilaire en Vihiersois, avec le P. Godefroy Maki, il a été décidé de donner quelques témoignages de vie auprès des malades et des personnes âgées, ou des témoignages de personnes atteintes par la maladie. Ces témoignages ont été donnés pendant l’homélie du dimanche pour une prise de conscience des Chrétiens réunis en ce jour pour prier à cette intention de la Santé dans notre paroisse et dans le monde. Voici donc les témoignages.
Sylvie : « Je suis infirmière depuis bientôt 40 ans. Je travaille depuis 35 ans aux Récollets, à Doué la Fontaine, un établissement SMR, c’est à dire Soins Médicaux et de Réadaptation, avec également des lits de soins palliatifs.
Mon métier a bien évolué pendant toutes ces années, les patients que nous recevons aussi, avec des prises en charge de plus en plus lourdes.
J’aime toujours mon métier. Ce qui est important pour moi, c’est d’aider les malades, de les soulager, de les soutenir, les aider à guérir quand c’est possible, à regagner en autonomie ou à apprendre à vivre différemment avec un handicap, ou les accompagner jusqu’à leur dernier souffle.
C’est parfois dur. On côtoie la souffrance, la douleur, la misère, au quotidien, mais c’est aussi riche. On donne beaucoup, mais on reçoit tellement, des malades ou de leur famille, c’est ça qui fait tenir. On apprend tous les jours sur les relations humaines, on partage un petit bout de vie, ça m’aide à me remettre en question et à avancer.
Pour moi, le lien entre mon métier et l’Evangile c’est le service. Bien sûr il doit être rémunérateur, c’est mon gagne-pain, mais je pense souvent au passage du lavement des pieds le jeudi Saint. Jésus nous montre l’exemple, il est venu pour servir et non être servi. Je suis au service des malades, et c’est ce qui donne sens à ma vie.
De moins en moins de personnes souhaitent devenir soignants, et beaucoup changent de voie après quelques années de pratique.
Prions le Seigneur, qu’il ravive le désir des jeunes de soigner et prendre soin de leurs frères et sœurs.«
Estelle : » Je suis aide-soignante depuis 22 ans en EPHAD, un métier au service des autres. Ce métier est rempli de chaleur humaine. Il demande des qualités, notamment la bienveillance, le respect envers les personnes accompagnées et leurs familles, être à l’écoute pour mieux comprendre le patient, ses émotions, ses doutes et ses angoisses. Il faut savoir observer, aimer les relations humaines et être en mesure de prodiguer des soins avec rigueur et précision.
Mon métier me permet d’apporter une aide concrète et de contribuer au bien-être des personnes tout en les stimulant pour maintenir au maximum leur autonomie.
Je m’enrichis tous les jours au contact de nos aînés, en leur donnant des sourires et être bientraitante. Le malade ne guérit pas seulement de soins.
Les aînés occupent une place importante dans nos vies, agissent comme un pont entre le passé et le présent. Leur sagesse, leur expérience et leurs conseils façonnent notre caractère et nos valeurs. Ils nous apportent des connaissances inestimables, nous enseignent des leçons de vie qu’on ne retrouve pas dans les manuels scolaires.
Ma foi m’aide à accompagner nos aînés jusqu’à leur dernier soupir. »
Odile : « Seigneur je te rends grâce pour ce service en aumônerie . Visiter les personnes malades , les résidents en E.H.P.A.D., ou leur domicile, avec le désir d’apporter quelque chose , c’est répondre à notre mission de chrétien. Il suffit de savoir écouter, offrir un sourire , une poignée de main chaleureuse . Les échanges sont souvent riches de souvenirs, de partage, de tendresse. Les personnes nous attendent, la confiance grandit. Ces visites changent notre regard sur la solitude, la souffrance, la mort. Cela demande un peu de son temps , mais quelle joie intérieure recevons nous ! « Quand 2 ou 3 ont réunis en mon nom Je suis au milieu de vous » a dit Jésus. Ta présence invisible apporte sérénité et joie. Merci Seigneur ! De temps en temps, le Christ nous murmure des appels discrets pour sa mission . En ce dimanche de la Pastorale de la santé , entendrons- nous cet appel ? Que pouvons- nous faire pour ceux qui attendent une visite, une parole , la communion peut-être ? Ecoutons notre cœur : le Seigneur nous fait signe ».
Myriam : « Je suis aide soignante depuis plus de 30 ans, 10 ans en jours et 19 ans en nuit en EPHAD. Depuis 2 ans j’interviens au domicile pour aider les personnes dans les actes de la vie quotidienne, pour qu’ils ou elles puissent rester au domicile le plus longtemps possible en les accompagnant à garder leur autonomie. La richesse est que je côtoie des personnes d’âges différents, avec des pathologies différentes, des relations avec les familles. En 2020, il y a eu le COVID , période difficile pour tous, particulièrement pour les personnes en institution ou isolées, et pour les soignants. Cela a renforcé mon choix de continuer mon métier car c’est un métier que je fais avec mon cœur. Je côtoie la souffrance physique, psychologique, l’acceptation du grand âge, d’une maladie, d’un handicap, il faut être présente sans trop s’impliquer.
Quel lien entre mon métier et la foi ? Il y a une phrase qui me suit : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». C’est par des petits gestes que cela se fait : le sourire, l’écoute, en respectant les convictions de chacun, apporter la feuille de la semaine à ceux qui le souhaitent, être leur facteur pour des demandes de messe (pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer), en priant avec eux, en les accompagnant au cimetière, en étant le relais avec les prêtres et les équipes d’aumônerie pour le sacrement des malades ou pour la communion.
Que le Seigneur continue à me guider à Aimer = partager, visiter, accueillir« .
Anne : « En 2018, j’ai été atteinte d’un cancer. L’épreuve de la maladie avait déjà touché ma famille, de part et d’autre, plus d’une fois et douloureusement. Comme tant d’autres malades, j’ai connu la souffrance physique et morale, mais j’ai traversé ce temps de désert portée par la grâce de Dieu. Il m’a permis, malgré les moments durs, de vivre de très belles choses : des relations riches et renforcées avec mon entourage, famille et amis ; des rires, de la joie ; une solidarité et une aide entre patients ; l’attention et la bienveillance du personnel soignant ; un soutien sans failles dans la prière… En un mot, la VIE plus forte que tout, me rappelant la promesse de résurrection faite à chacun de nous. Avec la grâce de Dieu toujours, je m’en suis sortie, et mieux que ce que les pronostics médicaux pouvaient laisser supposer.
Début 2024, ce fut à nouveau l’épreuve avec une récidive du cancer mais le Seigneur a permis que je sois assez vite en rémission, ce qui est toujours le cas à l’heure actuelle. Qu’Il soit béni ! Je lui rends grâces.
Je suis surtout reconnaissante pour la chance que j’ai eue durant mon arrêt longue maladie de vivre deux très beaux pèlerinages à l’automne dernier, l’un à Lourdes (avec Lourdes cancer espérance) et l’autre à Lisieux. J’y ai refait le plein de forces, qui m’ont permis de prendre un nouveau départ, de retrouver santé et sérénité au quotidien et motivation dans l’engagement au service des autres.
Ces forces neuves, je les dois au Seigneur, à la prière d’intercession des uns et des autres, à laquelle je crois beaucoup – elle est toujours efficace – et aux sacrements : l’eucharistie bien sûr et le sacrement des malades, que j’ai reçu à Lourdes. C’est un très beau sacrement, très fort, qui peut être reçu à tout moment de la vie, quand on est malade, fragilisé ou dans l’épreuve. En mettant sur notre front et sur nos mains l’huile sainte, le prêtre dit : « par cette Onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. » De fait, par ce sacrement, je me suis sentie fortifiée, apaisée, purifiée, en un mot, guérie.
Nous aurons la chance de pouvoir vivre le sacrement des malades en communauté paroissiale et le recevoir pour ceux qui en ont besoin, au mois de mai prochain. Le Seigneur nous aime et veut nous combler de ses bienfaits. Il n’attend plus que notre « oui » à sa grâce « .
Nathalie : « Je suis née valide mais à 45 ans, je suis devenue une personne en situation de handicap avec une malvoyance, après des AVC sur les vaisseaux sanguins des rétines. Les médecins ont dit que la science ne pouvait rien pour moi. Je ne pouvais le croire. En 2018, et toujours rien?. Je n’avais donc plus qu’un espoir, Dieu, lui au moins est toujours là!
Je n’ai pas demandé à Dieu la guérison car je n’ai rien fait de bien pour obtenir cette grâce. Je ne sais pas prier, alors comme me disait le père Mariet ; il suffit de lui parler comme je vous parle. Alors, j’ai parlé à Dieu, à la vierge Marie et à Saint François d’Assise. Je leur ai demandé d’avoir assez de courage et de volonté pour m’adapter à cette nouvelle vie.
C’est avec un sac à dos plein de courage et volonté que j’ai quitté ma famille pendant 2 ans. Je suis allée dans un centre à Nantes. Là-bas, la base de travail est une phrase tirée du Petit Prince de Saint-Exupéry; « l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur ».
Je ne vois peut-être plus vos visages, vos gestes, les objets, les couleurs… Mais maintenant, je regarde votre voix, j’écoute vos sourires, vos pas me parlent, vos mains me réchauffent le cœur…
Il n’est pas facile de travailler avec un handicap. Je l’avoue.
Je me rappelle le jour où je suis entrée dans l’atelier du centre en janvier 2022; l’odeur du rotin, de la paille de seigle m’ont donné des frissons. J’en suis sûre, Dieu était là avec moi. Il me révélait mon futur travail. Je redonne vie aux chaises avec un nouveau cannage, un nouveau paillage. Et en plus, le sourire des propriétaires. Par ce témoignage, je souhaite vous dire que le handicap est un frein dans l’élan d’une vie, mais avec l’espérance en Dieu, on peut aller plus loin. Que l’Espérance ne s’éteigne jamais en vos cœurs ».